AVOIR CONSCIENCE DE LA VALEUR DE CHAQUE SOUFFLE
Un médecin qui a survécu à la lutte entre la vie et la mort pendant l’épidémie, a dit qu’il avait compris que le plus important était de pouvoir respirer. Lorsque nous sommes témoins de la difficulté à respirer de ceux qui ont contracté le coronavirus, nous comprenons mieux à quel point chaque souffle est précieux.
En effet, chaque souffle que nous respirons constitue un moment qui se détache de notre vie et qui ne reviendra jamais. Il est temps de faire face au fait que nos souffles sont comptés et que chacun d’entre eux nous se rapproche un peu plus de la mort.
L’Homme est prisonnier de ses habitudes : les choses qu’il fait tous les jours, les chemins qu’il prend habituellement, les gens qu’il fréquente, tout se transforme au fil du temps en une routine. Il devient difficile pour une personne entourée de ses habitudes de se rendre compte de son monde intérieur.
La vie de l’Homme doit avoir une signification au-delà des affaires mondaines et de la routine. Parfois, lorsque nous perdons un être cher, lorsqu’une maladie nous touche ou lorsque nos affaires sont affectées par des malheurs, nous sommes amenés à réfléchir sur la vie et nous rendre compte de nos actes. Ce sont des facteurs qui brisent notre routine, bouleversent notre quotidien et nous amènent finalement à faire face avec nous-même.
D’ailleurs, il est possible de voir partout les signes de Dieu qui nous mènent à notre monde interne. Nous pouvons les percevoir dans l’univers, sans attendre que notre quotidien soit perturbé. Mawlana souligne avec l’exemple du marchand de glace que si nous avons l’œil vigilent, nous pouvons remarquer les signes autour de nous.
Par une journée de chaleur, un marchand de glace se pointa au marché et cria « Aidez donc cet homme qui voit son capital s’épuiser » pour vendre sa glace avant qu’elle ne fonde. Junayd al-Baghdadi, qui passait par ce marché avec ses élèves, a été choqué par les paroles de l’homme et s’est effondré. Ses élèves se sont inquiétés et ont demandé ce qui s’était passé. Le savant a alors dit : « Ces paroles m’ont secoué. J’ai réalisé que ce qui était en train de fondre n’était non seulement la glace, mais ma vie. Le temps qui fait fondre et consume la glace, qui est la capitale de cet homme, consume aussi notre vie, qui est notre principale capitale. »
Avec Sa miséricorde infinie, Allah nous a envoyé des prophètes et des livres comme avertisseurs. Ainsi, notre Prophète nous a appelé à la vérité authentique, comme nous le dit le Coran : « Je suis l’avertisseur explicite. » (al-Hijr, 15/89). Les prophètes sont les messagers de la vérité, rappelant aux gens qu’ils ont été créés pour des buts beaucoup plus importants et plus grands que les occupations mondaines.
Notre noble livre, qui guide les gens à trouver la vérité tout au long de leur vie, contient de nombreux signes. Notre livre nous dit ainsi : « Donnez donc en œuvres charitables, une partie des biens dont Nous vous avons pourvus, avant que la mort ne vienne surprendre l’un de vous et qu’il ne dise : « Seigneur, accorde-moi un court délai pour que je fasse l’aumône et que je sois du nombre des vertueux ! » Or, Dieu n’accorde jamais de délai à une âme dont le terme a expiré. Dieu est bien Informé de ce que vous faites. » (al-Munafiqun, 63 / 10-11.)
Nos souffles sont comptés. Quelle belle opportunité et quelle bénédiction qui nous est donnée à chaque respiration !
La mort est aussi un avertisseur pour l’Homme. Notre Prophète bien-aimé (sws), qui nous conseille de nous souvenir de la mort qui détruit les plaisirs, nous rappelle la nécessité de réfléchir sur notre fin. Cette vie, qui a l’air de ne jamais se terminer, n’est-elle pas une étape qui mène finalement au royaume éternel ?
Méditer sur la mort nous permettra d’éviter d’être prisonnier de notre quotidien et de rendre la vie plus significative. Lorsque nous réfléchissons sur le fait que nous mourrons un jour et que ce jour est en fait très prochain, peut-être après un souffle, nous ressentirons le besoin de changer ou d’abandonner nombre de nos habitudes.
Nous aurons en nous le désir de mettre de côté les choses inutiles. Ce désir motive les gens à faire de bonnes actions pour l’au-delà. Il nous empêche aussi de faire des erreurs.
Au lieu de gaspiller la vie pour les plaisirs temporaires du monde, l’Homme se tournera vers l’éternel. Alors prenons pour nous l’ordre de notre Prophète et faisons ce qu’il faut avant que la mort n’arrive : « Ceux qui se souviennent le plus de la mort et qui sont préparés de la meilleure façon pour l’au-delà sont les plus intelligents. » (Ibn Majah, Zuhd, 31).
Lamia Levent Abul